« Ça vous est déjà arrivé de faire un rêve qui avait l'air si réel, qu'en vous réveillant vous ne savez plus à quoi vous fier ? Que feriez-vous si tout ce que vous croyez vrai était faux ? Et si tout ce que vous croyez faux était vrai ? Quelquefois, la vie est encore plus étrange que les rêves. Et le seul moyen de se réveiller, c'est d'affronter les mensonges qui engourdissent notre esprit. Tout ce qu'on peut espérer, c'est que dans ces moments de sombres réflexions, on ne soit pas tout seul. »
— One Tree Hill.

27 ANS ♦ WHERE IS MY MIND ♦ NEW-YORK

L'instantiation ? je l'ai découverte il y a trois ans de cela, lorsque mon grand-père, un homme d’une grande intelligence et d’une curiosité sans fin, est mort. Avec mon frère, Jackson, alors que nous parcourions le grenier à la recherche de souvenirs de notre enfance, nous sommes tombés sur une lettre, expliquant le fonctionnement de l’instantiation et tout le matériel nécessaire. N’écoutant que notre curiosité, on a testé. Pour tout vous dire, c’est une trop grande partie de ma vie. C’est presque devenu ma vie, tout court. A mon avis, l’instatiation, bien qu’étant une invention démente et certainement la pire chose qui ait pu m’arriver. Je crois qu’elle aurait dû rester réservée aux scientifiques pour éviter toutes dérives. Dérives dans lesquelles je suis tombée tête la première. Aujourd'hui, l’instatiation est une drogue, une maladie, elle m’a pourrie la tête. Je ne fais plus la différence entre rêve et réalité. L’instantiation ne m’apporte rien de bien, au contraire. Je ne peux cependant pas m’en passer, même si je le souhaite, plus que tout. Si j'ai un totem ? Oui, comme toute personne pratiquant l’instantiation. Le mien est une alliance que je porte au cou grâce à une chaîne en or. L’alliance est celle de ma mère, c’est exactement la même que celle que mon frère porte à son cou mais qui elle, est celle de mon père. Dans la réalité, mon alliance porte l’inscription « Always and forever – C&P ». Lorsque je rêve, il n’y a aucune inscription.

UN PERE NOËL POUR CENDRILLON SANS ESCARPINS

1994 - FRANCE

« Au revoir mes Amours ! ». Elle passe sa grosse tête par la fenêtre et dans ma tête une horrible idée vient germer. Et si elle ne voyait pas le poteau ? Si sa tête venait violemment s’encastrer dedans. Elle ne souffrirait certainement et mourrait sur le coup. Et son départ serait beaucoup plus facile à accepter pour moi. Pour tout le monde en fait, socialement, une mère morte ça passe mieux qu’une mère qui abandonne ses deux enfants pour allé vivre sur une île perdue dans le Pacifique avec son nouveau mari. Connasse. La voiture s’éloigne et elle rentre sa tête juste à temps. Je soupire. Je relève la tête vers mon frère. Il a cet air impassible qui le caractérise, comme si ce n’était pas important, comme si c’était normal qu’elle nous abandonne. L’abandon, c’est son truc à elle, Charlotte, elle a abandonné mon père il y a trois ans de cela, pour partir avec ce connard qui partage actuellement sa vie. Mon père n’a pas supporté. Peter ne vivait que pour elle, depuis le jour où il l’avait vu sur une falaise, en France, prête à sauter dans le vide. Il lui avait sauvé la vie et elle était devenue sa vie. Jusqu’au jour où elle l’a quitté… Il s’est tué, ne supportant pas de vivre sans elle et encore moins de l’imaginer avec un autre que lui. « Allez viens, on rentre. ». Jackson, mon frère de trois ans mon aîné, pointe du menton les gouttes qui viennent s’écraser sur le sol. Il passe l’un de ses bras derrière mon dos pour me faire rentrer. Grand-père nous attend derrière la porte et tend les bras vers nous comme une invitation à un câlin collectif. Il n’est pas comme sa fille lui, il ne vit que pour sa famille, pour nous. Malheureusement, il se fait vieux et ses jours sont comptés. Ce soir là, pour la première fois, je viens me poser sous le porche de cette maison de famille, fixant la pluie en tentant de me remémorer notre bonheur passé.

1995 - FRANCE

Un an est passé. Une bonne année finalement, je me suis rapprochée de mon frère, plus que je ne l’aurais cru. Malheureusement aujourd’hui, les choses vont changer. « Il devient sénile Aalhix, c’est mieux pour lui, tu le sais. ». Jackson tente de me convaincre d’une chose dont je suis déjà convaincue. Je sais que c’est mieux pour lui, mais voir cette ambulance s’éloigner me brise le cœur d’autant plus que je sais que son départ va tout changer. On avait prévu de partir dans un an, lorsque Jackson serait majeur et qu’il pourrait devenir mon tuteur légal. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Grand-père n’est plus en mesure de s’occuper de nous et, Jackson va partir faire son service militaire et moi, je pars en famille d’accueil. « C’est juste l’affaire d’un an Lili. ». Sauf qu’un an à se faire balloter de famille en famille c’est long. Cinq en douze mois. A peine je m’attachais à une famille que je devais déjà la quitter. Et puis un jour, il est venu me chercher avec son petit sourire en coin et le papier d’adoption tendu vers moi. Mon frère, c’est le meilleur.

2007 - NEW-YORK/FRANCE

Le temps passe et certaines choses changent, notre lieu de vie par exemple, fini la grande maison familiale dans le Nord de la France et bonjour petit appartement au centre de New-York. Ma relation avec mon frère elle, n’a pas changé, c’est la personne qui compte le plus au monde pour moi. En même temps, il a tout fait pour moi. On ne vit plus ensemble depuis quelques années, depuis que j’ai obtenu mon diplôme et que je suis devenue « maîtresse » dans une maternelle. J’ai pris mon indépendance et lui ai rendu sa liberté au passage, j’ai bien conscience qu’il a sacrifié sa jeunesse pour moi alors dès que j’ai pu partir, je l’ai fait. Même si je sais que ma présence ne le dérangeait aucunement. « Mademoiselle Brightside, Aalhix Brightside ? ». Je raccroche le téléphone et m’assoit. Il est mort, grand-père, douze ans après qu’il soit parti dans cette ambulance… Je me sens honteuse. Pas une seule fois nous sommes allés le voir depuis que nous avons quitté la France, le laissant crever dans son trou. Quelques jours plus tard, nous prenions l’avion, Jackson et moi direction la France. « AALHIX, VIENS VOIR ! ». Assis dans le grenier de la maison dans laquelle nous avions habité pendant une année, Jacks tenait un lettre avec écrit en gros « INSTANTIATION ». On ne savait pas vraiment d’où elle venait, et on ne le sait toujours pas d’ailleurs, mais je me plais à imaginer que c’est lui qui nous l’a laissée. Il y avait sur cette lettre tout ce qu’il était utile à savoir à propos de l’instantiation. Alors on a testé. J’ai adoré, c’était magique, recréer un monde à soit, bâtit uniquement sur notre imagination. Sauf que cela n’a pas duré, j’y ai ajouté des souvenirs, des moments de mon enfance qui m’avait marqué, des choses plus récentes aussi. Si bien qu’à force, je ne faisais plus la différence entre rêve et réalité, me demandant sans cesse si ce que je vivais était un rêve ou la réalité.

LES ANGES N'AIMENT PAS DEVENIR VIEUX

POV. JACKSON

« Aalhix, ça va ? Arrête avec cette bague, je te dis que tu ne rêves pas, crois-moi ! ». Elle me sourit, je sais ce qu’elle pense « T’aurais dis la même chose en étant une projection. ». Elle se méfie de tout Aalhix, et même de moi, c’est pour dire. Lili regarde l’alliance sous toutes ses coutures, elle la voit l’inscription, mais elle n’y croit pas. C’est pour ça que ses dernières histoires d’amour furent des échecs, elle se méfie. Elle croyait rêver lorsqu’ils lui disaient qu’ils l’aimaient. En plus, Aalhix aime la contradiction, le défi, le conflit et toutes les choses qui peuvent facilement mettre un terme à un couple. Elle aime les conflits violents, ceux où elle hurle comme une folle et vous balance des choses au visage. Je crois même qu’elle ne sait pas aimer un homme sans lui faire de mal et sans que lui, lui fasse du mal. Enfin, sauf pour moi bien sûr. Mis à part cela, Lili c’est un amour de fille, elle est gentille et à un excellent contact avec les gens, plus particulièrement les enfants, d’où son métier. Je crois que cela vient surtout du fait qu’elle soit particulièrement affective et démonstrative. Elle n’est pas patiente, sauf avec les enfants. Sinon, elle ne supporte pas d’attendre et impulsive comme tout, elle a la capacité de s’énerver en moins d’une seconde. Alors, attention à ce que vous dites.

LES LUMIERES DANSENT DANS L'AMBULANCE

JOSHUA Joshua c’est le seul homme, hormis mon frère, qui ait réussi à me supporter aussi longtemps et à comprendre ma ‘maladie’. Je l’aime et je sais que lui aussi, mais c’est pas facile entre nous, on s’engueule souvent, je l’insulte parfois, lui balance tout ce qui me passe par la main au visage… Mais je l’aime.

JACKSON C’est mon frère et la personne qui compte le plus pour moi. Je lui dois tout et je ne serais rien sans lui. Ma mère m’a donné la vie et lui m’a consacré la sienne. Jackson, c’est l’homme parfait.

INSTABLE Rêve, réalité, tout se confond. Je ne sais jamais si je rêve où non et, de ce fait, j’ai attrapé un tic, je regarde sans cesse mon totem afin de voir si l’inscription y est ou pas.

PLUIE J’adore la pluie, j’aime la regarder pendant de longues heures, c’est le seul moment où il ne me semble pas indispensable de faire quelque chose d’autre. J’aime aussi sauter dans les flaques d’eau, comme une gamine.

INSECTES J’ai la phobie des insectes, de tous les insectes de la mygale à la petite fourmi en passant par le papillon, une peur phobique.

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