J'ai comme envie d'une fin torride, comme on en voit qu'au cinéma, j'ai comme envie que ce soit terrible et que ça se passe juste en bas de chez toi. Je peux très bien me pas(as)ser de toi.
— Manu Chao / Pas assez de toi

26 ♦ STAIRWAY TO HEAVEN ♦ NYC

L'instantiation ? je l'ai découverte comme tout le monde en lisant les journaux spécialisés et en écoutant les autres en parler. Pour tout vous dire, ça m'a tout de suite attirée mais j'ai mis du temps à vraiment oser. Depuis que j'ai sauté le pas je ne déccroche plus. A mon avis, C'est un peu dangeureux, ça rend très addictif. Mais c'est un bon moyen d'évacuer vers une autre réalité. Aujourd'hui, je rêve comme je vis. Si j'ai un totem ? Oui, bien entendu, bien que je m'en serve peu souvent, ayant conscience de la différence entre rêve et réalité. C'est un petit sablier, rond et plat, en pendentif. En rêves le temps s'écoule bien plus lentement dans cette petite boule. Il est fait pour durer 5 minutes dans la réalité.

UN PERE NOËL POUR CENDRILLON SANS ESCARPINS

Elle était allongée près de sa piscine, songeuse. Elle replia légèrement sa jambe et regarda l'eau turquoise.

" Putain, ce soir, Townsend c'est pour ta gueule. "

Forte de cette résolution, elle s'installa un peu mieux et profita du soleil qui carbonisait sa peau. C'était fou comme une idée, une petite idée, ce crépitement étrange qui vous illumine le cerveau une seconde, pouvait changer la perspective de cette journée. Elle aurait pu tout aussi bien rester dans l'optique de bronzer, retourner au lycée pour le bal de promo et se contenter de sortir avec son imbécile de petit ami, un sourire barbie jusqu'aux oreilles. Barbie flanquée de ce crétin de Ken. Mais non. Cette fois, elle tenait le bon bout. Elle avait finalement trouvé comment faire reluire ces trois années de dispute continuelle avec Joshua Townsend.

Elle siffla. Non. Demanda gentiment à Chris - car tel était le nom du quater back qui était avec elle depuis deux ans - de lui masser les jambes avec sa crème au monoï. Ce qu'il fit sans discuter, déjà trop content de pouvoir profiter de la villa des Queensway. L'avantage d'être riche, c'est qu'on pouvait tout avoir. La beauté, d'une part, car la beauté n'était offerte gratuitement par la nature que très rarement, et puis tout ce qui s'en suivait. Et donc un petit ami beau, obéissant, et populaire. C'était dans le contrat du capitalisme. L'argent t'offre tout. Même des massages aux jambes.

Et surtout, surtout, la robe bleue nuit en soie sauvage que maman avait absolument voulu lui acheter. Pour montrer à tout ces américains à quel point ils étaient russes et par là même supérieurs. Car si Queensway s'appellait Queensway, c'était un accident. Sa grand-mère maternelle avait osé épouser un Texan, rapidement rejetté de toute la famille. Il n'avait apporté dans la tribue que son nom de famille qui collait à la descendance comme un chewing gum sous la chaussure. Comme un arrière goût d'une regrettée compétition nucléaire.

Kallista trouvait le concept amusant. Et son attitude s'en faisait ressentir. Elle trouvait une satisfaction étrange à voir les autres la dévisager lorsqu'elle vantait tout les mérites de son pays d'origine - où elle n'avait posé les pieds que pour les vacances dans d'immenses palaces -.

Mais palaces russes mis à part, il était temps pour elle de se préparer. Cette soirée allait être la plus brillante de sa carrière de peste. Elle avait même eu droit à une journée entière de congés pour une fois. Oui car l'argent n'avait pas acheté une vie à Kallista Queensway. Ses parents avaient décidé, pour elle bien entendu, qu'elle serait patineuse. Aussi passait-elle 30 heures par semaine au grand minimum enfermée dans une patinoire avec son coach et les quelques passionées qui avaient décidé de faire le parcours avec elle.

Bien entendu, on ne lui au préalable pas demandé si elle voulait suivre cette voie. Et puis, à 4 ans, on a pas toujours les idées claires, et on peut dire oui par accident. En tout cas, elle avait, à 18 ans, plus la moindre envie de passer une seconde sur un patin. Mais pas le choix. Surtout avec des parents comme les siens. Et elle préférait autant se forcer à tourner comme une guignole sur la glace en étant riche et bien entourée que seule et miteuse à faire ce qu'elle avait vraiment envie de faire. Le confort avant tout.

Et le confort, c'était la coiffeuse venue spécialement pour préparer ses royals cheveux au bal de promo, c'était les dernières prada qui rayonnaient sur son lit, et une robe de créateur comme personne n'en avait jamais vu. C'était un petit ami aussi beau que bête, et des bijoux sur tout le corps. C'était le laxatif sur ordonnance acheté sans ordonnance et caché dans son sac, attendant d'être versé dans le verre de Joshua Townsend.

~~

Take my hand
Tonight
Go ahead
Tonight
Play the game
Tonight
Keep your head
Tonight.

Kallista était allongée. Le coup l'avait sonnée. Elle avait l'habitude des gifles, des petites tappes, voir même qu'il l'attrape brutalement par le bras. Elle en conclut que cette fois-ci, elle l'avait vraiment énervé. Et vu l'éclat de ses yeux, elle jugea n'être pas si loin de la vérité. Le blond frappa dans le mur en jurant. Salope. Pourquoi tu me fais faire ça ? J'ai jamais tappé ma copine, pourquoi toi ? Pourquoi toi je ne peux pas m'en empêcher ? Pourquoi il faut toujours que tu compliques tout, pourquoi tu pourris cette histoire ?

Elle regarda autour d'elle. Sa table basse, son sac de sport. Elle se rua vers le sac pendant qu'il hurlait à plein poumons. Elle n'écoutait plus, ces phrases elle les avait déjà trop entendues, elle n'avait pas de réponses à donner. Kallista ! Qu'est ce que tu cherches au juste ? Tu veux quoi ? !

Sa main se referma sur ses patins. Il lui suffisait d'en avoir un. Et elle l'eut. Furieuse, la blonde se jetta aux pieds de l'homme qui partageait sa vie et abattit avec violence le côté lamé de la chaussure sur ses pieds. Le hurlement qui suivit fut plus que satisfaisant. Et il se jetta sur elle. Pour changer.

Et comme d'habitude, ils partirent pour une bataille sans règles, se lancèrent la moitié de l'appartement en pleine figure, voir même le mobilier. Il était épuisé, elle le sentait bien. Jamais ce garçon de bonne famille n'aurait pensé se battre un jour avec une femme. Ni devoir la frapper au sang pour la calmer. Il n'y comprennait rien. Quand ça la piquait, elle le cherchait. D'abord à l'oral, sournoise, piquante, et puis finalement déclenchait des disputes baignées de mauvaise foi. Elle balançait toute sa frustration puis attrapait finalement la première chose qui lui tombait sous la main pour lui jeter dessus. Au début il n'avait rien dit. Il l'avait laissée faire. Elle était si belle, si douce quand elle le voulait. Puis le temps aidant, il avait commencé à crier. Hurler. Et finalement, il en était là, à la frapper, au bout de trois ans de vie commune.

A chaque fois il promettait de la quitter. A chaque fois il lui disait que c'était inssuportable. Et pourtant, il revenait. L'amour était une chose étrange que Ruslan ne comprenait pas. Elle le prennait au ventre, le tordait, le serrait. Il l'aimait à en vomir, à la tuer, peut-être même à faire exploser tout l'immeuble. Et pourtant, elle le poussait à bout, elle voulait qu'il la déteste. Elle cherchait ce qu'il ne pourrait jamais lui offrir. Ce qu'un autre pouvait. Cet autre, il le détestait de toute son âme.

La jolie patineuse faisait tourner des coeurs et des regards sur son passage. Elle s'appliquait à faire de la vie un ruban tissé de cynisme et de sarcasmes. Elle était assez belle pour le faire sans être rejettée. Elle passait du statut de fille pathétique à fille géniale et lucide par sa beauté et son succès. Elle-même trouvait l'idée cynique et ridicule en elle-même.

Et elle avait cette obsession. Non satisfaite d'avoir une vie de rêve, enfin, d'après tout ceux qui pouvaient la rencontrer, elle bloquait sur les rêves. Elle plongeait dedans comme si sa réalité n'était qu'une ombre. Elle chassait tout ceux qui s'accrochaient à elle pour sombrer dans ce monde étrange, ce monde de sourds.

Il l'avait déjà demandée en mariage, malgré tout. Elle avait refusé. Deux fois. Et lorsqu'il parlait d'enfant, elle lui riait au nez et partait où patiner, ou rêver. Cette fille le rendait fou. Aussi volubile que la fumée, aussi froide que la glace.

LES ANGES N'AIMENT PAS DEVENIR VIEUX

Elle était chienne. Si un mot pouvait la décrire, c'était celui ci. Depuis ses premiers pas et jusqu'à son dernier souffle, cette fille était et est une chienne. De celles qui mordent sans prévenir, au regard noir et plein d'étoiles à la fois. Elle ne choisit pas ses victimes, elles se désignent candidates d'elles-même. En général, elle reste hypocrite, rien de mieux pour ne pas recevoir la monnaie de sa pièce. Si elle sème beaucoup de choses, elle laisse ses proches récolter pour elle. Quand on parle de manipulation, elle sourit, elle détourne la tête. Après tout on ne manipule personne, les personnes se laissent faire et n'ont pas plus d'excuses que leur piègeur. Son état d'esprit est relativement particulier. Elle n'est pas non plus cruelle, mais pas moins perverse et décalée.

Ses règles du jeu ne s'appliquent qu'à elle, elle change les règles de chacun en fonction de sa personne, ce qui fait d'elle une personne qu'on dirait soupe au lait. Elle n'en reste pas moins naturelle. Car l'hypocrisie a parfois ses limites, devant la franchise et un caractère en acier trempé. En bref, c'est un sacré numéro, dont le physique et la plastique la sauvent de beaucoup d'ennuis. Malheureusement.

LES LUMIERES DANSENT DANS L'AMBULANCE

♦ Sait qu'elle est belle.

♦ N'aime pas les américains.

♦ A dû payer pour avoir ses examens de fin d'études.

♦ Mange du fromage a 5 heures du matin.

♦ Fait tout à la gueule du client.

Spoiler: