if i ever feel better @alice.

if i ever feel better @alice. Sanstitre14r

I CAN'T FLY
BUT I CAN KICK YOUR ASS

« Ah mon salop, ta soeur elle est vraiment bonne n'empêche. » Joshua regarda l'homme assis au bar, juste en face de lui. Il fit un faux sourire, laissa passer quelques secondes, une dizaine grand maximum, et saisit son verre. Alors qu'il faisait demi-tour pour le mettre avec les autres récipients sales, il se stoppa net. De nouveau, Townshend laissa s'écouler quelques instants. Puis, d'un geste rapide, comme à son habitude, il se retourna et écrasa le dit verre sur la tête du client qui avait osé parler ainsi d'Alice, son seul et unique point sensible avec ses parents. L'objet vint alors s'exploser au niveau de l'oreille de l'homme, l'ouvrant ainsi sur une surface non négligeable. Le quarentenaire tomba à la renverse, non seulement à cause du choc que ça avait dut provoquer, les choses s'étant passées tellement rapidement, mais également grâce à la force dont avait fait preuve le jeune barman. Ce dernier sauta par dessus le bar, tomba les deux pieds sur le sol et commença à frapper son client au visage, sans jamais s'arrêter. Il ne le laissait pas bouger, enchaînait les droites les unes après les autres avec une vitesse presque incroyable. Poing gauche, poing droit, tel le balancier d'une horloge, régulier et surtout incessant. Les personnes qui les regardaient, impuissantes, et qui se tenaient autour d'eux pouvaient entendre le bruit de la machoir qui craquait sous la violence des coups, et voyaient les dents tomber une par une. Joshua n'avait rien dit. Il n'en n'avait pas eu besoin. Après tout, le language corporelle n'est-il pas le plus significatif? Quoi qu'il en soit, il était tellement absorbé par les coups qu'il portait à l'homme qu'il ne vit pas la lame qu'il sortit de sa poche. Non, d'ailleurs il ne la verra jamais. Il la sentira juste le transpercer au niveau des côtes, dans une douleur effroyable. Mais il ne dit toujours rien. Il ne cria pas, ne laissa aucun mot sortir de sa bouche. Il se leva, titubant légèrement, et s'appuya contre le bar, la tête baissée, une main sur la blessure. Josh n'essya même pas de rattraper le client - ou du moins l'ex client - qui courrait à toute allure vers la sortie.

« Alice? Alice, t'es là?! » C'est seul qu'il était rentré chez lui, chez eux, dans leur petit nid de confort qui n'était, certes, pas très luxieux mais parfait pour deux personnes telles qu'eux. La main toujours posée sur la blessure béante qu'avait laissé la lame, Joshua essayait d'appuyer un maximum dessus pour éviter une trop grosse perte de sang. A force de bagarres, de règlements de comptes et de deals qui avaient mal finis dans son bar - bien que la dernière option, celle des trafics en tout genre, soit limite exclu étant donné qu'il n'accepte pas les toxicos -, il commençait à retenir de quelle façon il fallait agir dans de telles circonstances. Il regarda autour de lui. L'appartement semblait, à cet instant, vide. Alice devait être dans sa chambre, ou dans la salle de bain. Pour être honnête, il n'en avait aucunes idées, mais il savait, ou du moins espérait réellement qu'elle était là. « Zoë-Alice?! C'est Josh..» Il s'arrêta de parler, puis soupira. « C'est Mathieu! J'ai bien besoin de ton aide, à cet instant précis.. » Alice était la seule à l'appeler encore Mathieu, son vrai prénom. Depuis la mort de ses parents, il exigeait de tout le monde que l'on le prénomme Joshua. Mathieu, lui, était mort avec eux dans l'accident. Le petit garçon plein de vie, drôle, et ultra-sociable était devenu tout son contraire. Renfermé, triste, avec un éternel trou béant dans la poitrine. Trou qui, ce soir, venait d'être rendu réel. Attendant que sa soeur pointe le bout de son nez, il se dirigea vers le frigo et en sortit une canette de bière. Allez savoir pourquoi, leur frigidaire contenait toujours, en son ventre, une bouteille d'alcool.

« Alice? Alice, t'es là?! » Il avait vraiment des questions étranges. Où diable voulait-il qu'elle soit, à part, comme chaque jour, à la maison ? Elle était en train de réviser, même si elle n'en avait pas tant besoin que ça, lorsqu'il l'avait appelé. Au début, elle n'avait pas bougé, trop occupée à tenter de replacer correctement sur son schéma d'anatomie tous ces foutus muscles fléchisseurs de l'avant-bras. Il pouvait bien attendre qu'elle ait fini ça, non ? Elle n'avait pas pour habitude de lui répondre quand il lui demandait si elle était là. Il savait que oui. C'était une évidence. Elle était toujours là, cloitrée dans sa chambre, à s'occuper comme elle pouvait. À rêver, la plupart du temps. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle avait décidé d'être raisonnable. Et cela n'allait sûrement pas durer. « Zoë-Alice?! C'est Josh..» Elle releva la tête, intriguée. Il savait qu'elle détestait qu'on l'appelle Zoë-Alice. C'était un nom stupide, laid, ringard, qu'elle préférait ne pas entendre. « C'est Mathieu! J'ai bien besoin de ton aide, à cet instant précis.. » Elle sourit lorsqu'elle perçut la rectification. Il savait qu'elle s'obstinerait toute sa vie à l'appeler Mathieu. C'était sa façon à elle de lui montrer qu'elle voulait croire qu'il était toujours la même personne que ce gosse plein de vie qu'il fut un jour, bien qu'elle ne l'ait jamais franchement connu. Son ton, cependant, l'alarma un peu. Besoin de son aide ? Ce n'était jamais bon signe, quand il avait besoin de son aide.

Elle débarrassa ses genoux de ses multiples cahiers couverts d'inscriptions qu'elle seule pouvait déchiffrer, et se précipita hors de sa chambre, vêtue de sa tenue "spéciale révisions" - un short et un T-shirt piqué directement dans l'armoire du frangin. Ce qu'elle découvrit en atteignant la cuisine la laissa perplexe. Appuyé contre le plan de travail, il buvait une bière avec un air nonchalant, une plaie béante tachant son T-shirt d'un sang sombre et collant. Elle avait beau être habituée à ce genre de situations, le voir ainsi l'effraya réellement. Elle poussa un petit cri de surprise, et se précipita vers lui. L'une de ses mains s'empara de la canette qu'il tenait, tremblant à tel point qu'un peu de liquide se déversa sur elle. « Mathieu… C'est quoi ça ?! Va t'allonger. Non. Attends. Je… Putain ! Attends. Enlève ton T-shirt. Laisse-moi t'aider. » Elle était paniquée. À tel point qu'elle ne savait même plus ce qu'elle devait faire. Ce n'était pas une grosse quantité de sang qui se déversait hors du corps de son frère, mais cela revenait au même. Il était blessé, nom de Dieu. Elle l'aida à enlever son T-shirt. Malgré ses mains rendues maladroites par les tremblements qui les secouaient, elle parvint à conserver des gestes précautionneux. Elle inspira profondément. Expira profondément. Recommença une fois. Ferma les yeux. Les rouvrit. Se calma.

Elle le traina de force jusqu'au canapé, et le fit s'y allonger. Tout son petit matériel n'était même pas rangé. Il revenait mal en point tellement souvent qu'elle avait renoncé à ranger tout ça. Dévissant un flacon de désinfectant, elle daigna enfin le regarder dans les yeux. Il n'avait pas l'air plus perturbé que ça. Plus rien ne le perturbait, apparemment. Elle aurait aimé pouvoir en dire autant. Mais elle était restée la même gamine, qui prenait peur pour un rien. C'était assez déstabilisant de constater à quel point, malgré leurs nombreuses différences, ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre. Ses doigts avaient retrouvés l'assurance de la petite soeur habituée aux blessures diverses et variées, lorsqu'elle se mit à nettoyer la plaie. Tout en s'affairant, elle s'efforça de prendre un ton détaché. « Alors, tu vas me dire ce qui s'est passé ? »

I CAN'T FLY
BUT I CAN KICK YOUR ASS

J'ai bien besoin de ton aide, à cet instant précis.. » Tous les deux savaient aussi bien l'un que l'autre que lorsque Joshua demandait de l'aide à Zoë, cela n'était guère rassurant. La plupart du temps, le jeune homme essayait de se débrouiller seul, ne voulant pas embêter sa cadette dans ses révisions ou autre activité en tout genre. Pendant qu'elle vaquait à ses occupations, lui s'amusait à faire des essais cullinaires désastreux, à tabasser des purs inconnus qu'il ne reverra sûrement jamais et, occasionnellement, à se faire poignarder. La blessure semblait assez superficielle, d'après son point de vue personnel. Il n'était, certes, pas médecin mais avait de l'expérience en se qui concerne blessure en tout genre. Dut à un coup de poing, coup de pied, coup de couteau, une fois dut à une balle également, ce qui lui valut une cicatrice à l'arrière de son épaule droite jusqu'à la fin de ses jours. Cependant, il ne pouvait pas nier une chose : il avait perdu pas mal de sang en chemin, et il allait devoir débourser pas mal pour payer le pressing et faire nettoyer son t-shirt. Du blanc, en plus. Sûrement foutu. Comme à chaque fois - ou presque - qu'il rentrait chez eux, Joshua fit un petit détour par la case frigidaire et en sortit une canette de bière. Il n'était pas alcoolique, loin de là. C'était seulement un de ses petits rituels étranges. Le petit 'pschit' qui indiquait que la canette était désormais ouverte le détendit légèrement. Il but une gorgée, puis une autre et une troisième avant de poser la boisson sur le plan de travail où il s'appuya ensuite d'une main. Lorsqu'il entendit les pas de sa petite soeur qui arrivait dans la pièce, il fut soulagé : il allait enfin pouvoir retirer sa main de là. Alors qu'Alice mit un pied dans la pièce et qu'elle l'aperçut, Joshua leva la tête et la regarda, un sourire se voulant innocent affiché sur son visage. « Mathieu… C'est quoi ça ?! Va t'allonger. Non. Attends. Je… Putain ! Attends. Enlève ton T-shirt. Laisse-moi t'aider. » Il soupira. C'était bien elle, ça, de réagir ainsi. Joshua évita cependant de la contrarier et enleva son t-shirt avec l'aide d'Alice tout en essayant de le décoller un maximum de la plaie. Une fois son haut enlevé et jeter sur le plan de travail, le barmaid osa enfin regarder sa blessure et constata qu'elle était plus étendue que ce qu'il croyait en comparaison du sang qui s'en écoulait. Il soupira. « M'a pas manqué, ce connard » Il ne put ajouter autre chose tandis qu'elle l'emmenait de force dans le salon, l'obligeant à s'allonger dans le canapé. N'ayant guère le choix, il s'installa, le bras sous la tête placé sur l'accoudoir et la regarda s'affairer, comme à chaque fois. Il avait pu remarqué à plusieurs reprises qu'elle ne prenait même plus la peine de ranger tout son attirail de médecin que Josh détestait tant. Et pourtant, il y avait à faire au moins deux fois par semaine, pour des choses plus ou moins graves. Il avait prit l'habitude des picotements provoqués par le désinfectant et n'y faisait même plus gaffe. Au contraire, il préférait fixer Alice en silence. « Alors, tu vas me dire ce qui s'est passé ? » Joshua baîlla légèrement et répondit sur un air détaché : « Et bah je me suis pris un coup de couteau dans les côtes. » Il fit une légère pause et, sachant qu'elle allait insister pour en savoir plus, il reprit « Un client m'a provoqué, je lui ai éclaté son verre contre son crâne, lui bousillant l'oreille au passage. J'ai sauté par dessus le bar et ai commencé à le frapper de toutes mes forces jusqu'à ce qu'il sorte son putain d'poignard et qu'il me l'enfonce dans l'bide. » Il avait dit ça sur le même air détaché, pouvant être considéré comme exaspérant pour certaines personnes.

« M'a pas manqué, ce connard » Elle avait envie de lui crier au visage que non, il ne l'avait pas manqué, et qu'il faudrait qu'il arrête de prendre ça avec légèreté. Elle avait envie de lui hurler qu'elle en avait assez de stresser chaque jour un peu plus en pensant qu'il pourrait simplement ne plus jamais rentrer à la maison. Elle avait envie de beugler qu'elle ne supportait plus le fait d'avoir à jouer les infirmières alors qu'elle commençait à sérieusement détester ses études. Mais elle se tut. Et se contenta de le soigner, une fois de plus. Installée à genoux sur le tapis du salon, elle s'appliquait à nettoyer complètement la plaie, laissant désormais apparaitre un trou béant pile entre deux côtes. En trois ans de longues et fastidieuses études, elle avait appris à ne plus être impressionnée par une telle blessure. Mais là, à cet instant précis, c'était son frère qui était blessé. Et cela changeait à peu près tout. Avec des gestes légèrement hésitants, elle vérifia que rien n'était sérieusement endommagé. Ses cheveux la gênaient, mais ils cachaient suffisamment son visage pour empêcher son frère de voir son expression atterrée, ce qui l'encourageait à ne pas les attacher. Elle s'affairait toujours, attendant impatiemment des explications tout en sachant que ce qu'il allait dire ne lui plairait pas.

« Et bah je me suis pris un coup de couteau dans les côtes. » Elle éprouva une sorte de soulagement en constatant qu'elle était parvenue à résister à la tentation d'enfoncer ses doigts dans la plaie de son frère. Sa tentative pour rester de marbre était risible, mais peu lui importait. Détachant lentement son regard de la blessure désormais propre, elle le regarda en ayant la ferme intention d'exiger une explicitation. Il ne lui laissa cependant pas le temps d'articuler quoi que ce soit. « Un client m'a provoqué, je lui ai éclaté son verre contre son crâne, lui bousillant l'oreille au passage. J'ai sauté par dessus le bar et ai commencé à le frapper de toutes mes forces jusqu'à ce qu'il sorte son putain d'poignard et qu'il me l'enfonce dans l'bide. » Elle hocha pensivement la tête, s'efforçant de rester tout à fait calme tandis que ses doigts fouillaient à la recherche d'une aiguille et de fil. Une fois tout son matériel de torture prêt, elle lui lança un regard lui ordonnant de ne pas bouger, et commença à recoudre la plaie, en faisant preuve de moins de précautions qu'habituellement. Elle se permit même de siffloter légèrement, ajoutant de la nonchalance à ses gestes, tout en sachant pertinemment qu'il détestait cordialement cela. « Et est-ce trop te demander que d'exiger de savoir quelle était la provocation à laquelle tu as si violemment réagi ? »

Ce n'était pas la première fois qu'il rentrait avec nonchalance en lui annonçant qu'il avait amoché quelqu'un, tout en la laissant examiner avec un air anxieux son corps souvent meurtri, mais elle ne parvenait toujours pas à dissimuler son indignation. Elle avait beau lui répéter inlassablement que ses multiples bagarres étaient sans doute l'une des choses qui la faisaient le plus stresser, il semblait ne pas se soucier le moins du monde des soucis que provoquait son comportement sur sa cadette. Il fallait également dire qu'elle faisait tout pour qu'il ne voit pas à quel point elle pouvait se faire du souci pour tout et n'importe quoi. Surtout en ce moment. Elle planta pour la troisième fois l'aiguille dans sa peau, avec habileté mais sans ménagement, préférant ainsi cacher ses préoccupations, et tira doucement afin de rapprocher les lèvres de la plaie. Si cela continuait comme ça, elle finirait probablement par être l'étudiante en médecine la plus habile de tout le pays.