« C’est plus facile de tomber dans la drogue que d’affronter la vie, plus facile de piquer ce que vous avez envie que d’essayer de le gagner, plus facile de battre un enfant que de l’élever. L’amour par contre, ça demande des efforts, du courage. »
— se7en, david fincher

25 ANS ♦ DREAM RIDER ♦ PARIS

L'instantiation ? je l'ai découverte il y a de ça cinq ans, par Max, quand on a commencé à sortir ensemble. Il avait besoin d'aide sur l'un de ses coups et comme Liam était absent à ce moment là alors que j'étais présente, je fus la personne qui lui a filé un coup de main. Tout simplement. Pour tout vous dire, j'ai tout de suite pris goût à l'instantiation, à tel point que j'en ai fais mon métier, ou plutôt l'un de mes métiers. Comme Max, je suis devenue extractrice, je sillonne votre esprit pour en extraire des données. On me paye pour ça, et en cinq ans, croyez-moi, j'ai bien pris le coup. A mon avis, l'instantiation a été inventé par des scientifiques qui voulait essayer d'en connaître plus sur le subconscient, plus que ce qui était déjà marqué dans les bouquins qui ont été imprimé. Le problème, c'est que ça a dut leur échappé, et c'est tombé dans les mains d'abord de gens comme nous, qui s'en serve pour tes pratiques qui ne sont pas vraiment légal, puis ça a été 'adapté' pour les gens 'normaux' qui veulent seulement s'évader. Aujourd'hui, je dois dire que le fait de 'visiter' le subconscient de gens qui, la plupart du temps, sont de véritables inconnus me passionne. J'aime pouvoir farfouiller dans leur esprit, pouvoir découvrir par moi-même leur moindre secret et ensuite l'utiliser contre eux. Ou alors, je m'en sert parce qu'on m'a payé pour que j'extrais une information d'un esprit. Il faut bien que je l'avoue : j'aurais beaucoup de mal à m'en passer désormais. Si j'ai un totem ? Comme toute personne censée qui se respecte, j'en ai effectivement un. C'est un petit bracelet que mon frère m'avait offert avant son suicide. Il l'avait eut en cadeau dans un Kinder Surprise, ces petits œufs en chocolat, et me l'avait donné en me disant de toujours le garder avec moi et que, de cette façon, il sera toujours avec moi. Il est fait de petits cœurs en plastique ou je ne sais quelle autre matière. Quand je l'ai reçu, il y avait une petite breloque qui est tombée lors d'une de mes chutes. Cependant, lorsque je suis dans un rêve, cette breloque est toujours en place, comme si je venais d'avoir le bracelet ayant pourtant déjà une bonne dizaine d'année.

UN PERE NOËL POUR CENDRILLON SANS ESCARPINS

DOUAI, AVRIL 1992 - 7 ANS

« Chloé, laisse moi te présenter Sébastien. Sébastien, voici ma fille, Chloé. » « Ravi de te rencontrer, Chloé. Tu as un bien joli prénom, il représente bien ta beauté physique. Qu'est-ce que tu peux ressembler à ta mère..! » La petite fille de sept ans dévisageait l'homme qui lui faisait face. Grand - ou alors était-ce une illusion dut à sa petite taille? -, brun, yeux bleus, assez belle gueule, bon chic bon genre, différent du dernier qui était une sorte de punk/gothique aux allures de Marylin Monson et à la moustache d'Hitler, ce qui faisait un drôle de mélange. Espèce d'idiot, tu n'arriveras pas à la berner avec tes belles paroles, la petite Chloé. Elle n'est pas bête, loin de là, et toi tu ne seras jamais plus qu'un kleenex pour sa mère et qu'un homme banal, comme les autres : avide de sexe et n'attendant rien d'autre qu'une bonne pipe avant de se barrer comme un voleur, oubliant toutes ces paroles d'éternité que tu as dites alors que tu devais être bourré, déchiré, pommé ou alors totalement en manque. Sombre idiot, pauvre con. Tu affiches une dentition parfaite et un corps de rêve, aux pectoraux et abdominaux reluisant, tout droit sortit d'une salle de sport, comme ces gars que l'on voit dans les magasines pour femmes, ceux qu'elles lisent lorsqu'elles sont aux toilettes pour ne pas avoir à se tourner les pouces. La petite blondinette détourna le regard noir qu'elle portait sur le prénommé Sébastien et le reporta sur sa génitrice. Une femme grande, au charme ravageur et à la chevelure dorée qui avait, autrefois, été une grande mannequin. Son ancien métier pouvait facilement se deviner vu la dégaine qu'elle trainait et dont elle était si fière. « Maman, tu as déjà quitté Basile? Ou alors, c'était François.. Quoi qu'il me semble que Luc passait juste avant Martin.. Je m'y retrouve plus moi, dans tout ça. Qu'est-ce que tu fais de papa? » C'était la première fois depuis un an et demi que la petite fille osait répondre de telle sorte à sa mère, ce qui lui valut une bonne grosse claque dont le bruit s'était bien fait retentir et dont la trace était restée collée à sa joue pendant plusieurs bonnes minutes. Elle baissa la tête, les maudissant en silence pendant quelques secondes avant de regarder à tour de rôle Catherine et Sébastien, Sébastien et Catherine avec un regard reflétant toute l'aversion, toute la haine qu'elle éprouvait pour eux. D'un geste rapide, elle se retourna et repartit dans sa chambre, adjacente à celle de sa mère, pour se jeter dans son lit et se mettre à pleurer en entendant le bruit régulier et incessant du lit qui vient se claquer contre le mur, les gémissements de sa mère et leur respiration haletante. Comme à chaque fois, elle ne sortit plus de sa chambre avant le lendemain matin.

ARRAS, DÉCEMBRE 2002 - 17 ANS

« Mademoiselle Genuyt, les voisins disent vous avoir entendu vous disputer fortement avec votre frère puis vous avoir vu partir.. Il s'est suicidé, et nous avons donc toutes nos raisons de penser que, d'une manière ou d'une autre, vous l'avait tué involontairement.. » Chloé n'écoutait pas les horreurs que lui débitait l'enquêteur. Depuis quand appelait-on la police alors qu'il s'agit clairement d'un suicide? Pourquoi accuse-t-on à tout va la dernière personne à qui le macabé à adressé la paroles? Toutes ces questions, et bien d'autres encore, se bousculaient dans la tête de miss Blondie. Mais une seule revenait à chaque fois : était-ce vraiment de sa faute s'il avait passé l'arme à gauche? Elle se tenait là, debout devant le corps inerte d'Alex, à le contempler froid, livide, blanc comme le linceul qui n'allait pas tarder à le recouvrir. Henry de Montherlant a dit « Ce qui est effrayant dans la mort de l'être cher ce n'est pas sa mort, c'est comment on en est consolé. ». Chloé ne voyait aucune consolation possible. Elle ne pouvait apercevoir comme avenir qu'un voile noir, éclairé par-ci par-là de courts moments de joie. Serrant le plus fort possible le bracelet qu'il lui avait offert, elle remarqua que les larmes commençaient à embrouiller sa vue, à rendre chaque petit détail flou. Une larme roula sur sa joue en silence. Elle ne l'empêcha pas de couler par un revers de manche comme elle l'aurait fait d'habitude. Non, elle la laissa couler le long de sa joue, de son cou, jusqu'à ce qu'elle se perde dans le tissu de son chemisier. Chloé fit un pas en avant pour se rapprocher de son frère. Elle tendit le bras et, tout en tremblant, posa sa main sur le bras du cadavre. Une nouvelle vague de larmes vint s'échapper de ses yeux et elle ne chercha même pas à réprimer le sanglot qui l'envahissait. Non, au lieu de ça, elle se laissa tomber à genou à côté de lui, posant ses bras sur ses jambes. Elle l'observait attentivement, en détail et, pour la première fois, elle remarqua à quel point il pouvait être beau. Amarande saisit la main de son grand frère et y entremêla ses doigts, posant l'un d'entre eux sur son poignet pour vérifier naïvement son poult. Plus rien. Nouvelle vague de larme, nouveau sanglot. Sans prendre garde, elle laissa tomber sa tête sur ses bras et se mit à hurler à s'en casser la voix. « NON! Pourquoi tu m'as fais ça? Pourquoi tu m'as abandonné?! POURQUOI? » Ses cris déchiraient le coeur des officiers présents dans la pièce tandis qu'un trou béant se creuser dans sa poitrine à une vitesse impressionnante. Elle avait l'impression de se vider de tout sentiment, de toute joie qu'il pouvait y avoir en elle. Elle se mit à frapper le sol avec ses mains tout en continuant de hurler. « ALEX REVIENS! Reviens je t'en supplie, me laisse pas seule! »

NEW-YORK, JUIN 2005 - 20 ANS

« Tu as bien compris ce que je t'ai dis, n'est-ce pas?! Une fois dans le rêve, tu fais tout ce que je te dis, tu n'essayes pas de jouer les Gaùdi, les Mansart ou encore les Palladio d'accord? Et est-ce que tu as ton totem?! » Chloé hochait machinalement la tête à ce que lui disait Max. Elle connaissait ses 'mises en gardes et conseils' par coeur depuis le temps qu'ils préparaient ça. Ensemble, ils allaient procéder à une exctraction, la première de la jeune femme. Dans sa main se trouvait le bracelet d'Axel, ce qui allait lui servir de totem, petit objet censé l'aider à savoir si elle se trouve dans un rêve ou si elle est dans la réalité. Ses yeux étaient plantés dans ceux de son petit-ami et elle ne disait rien, sachant qu'il savait qu'elle connaissait les règles et surtout qu'elle les respecterait. Il fallait dire qu'elle était tellement stressée qu'elle n'oserait pas désobéir. Assise dans le canapé, la jolie française le regardait lui mettre son intraveinale et l'écouta lui faire un dernier petit topo : « N'oublie pas : tu ne risques rien. Si tu meurt, tu te réveille. Ne fait pas gaffe aux projections et elles ne feront normalement pas gaffe à toi. N'essaye pas de changer des choses dans les décors, sinon ça va tout foutre en l'air parce que tu nous auras fait repérer. Le rêve est disposé comme un labyrinthe pour que l'on ai le temps de semer les dites projections et avoir quelques secondes, voire même minutes d'avance. Bon et bah.. Allons-y. » Max appuya alors sur le bouton du PASIV, libérant ainsi le sédatif. Un quart de seconde plus tard, Chloé ouvrait les yeux dans un endroit totalement différent de celui où elle s'était endormi. La petite française regarda tout autour d'elle, contemplant le décor qui les entouraient. Puis, elle croisa le regard de Max. Un regard confiant, qui se voulait rassurant. Elle inspira et expira longuement avant de dire : « Je suppose que quand faut y aller, faut y aller.. » Max et elle se mirent donc à marcher, à silloner l'esprit de cet homme que ni l'un ni l'autre ne connaissait. D'après ce qu'elle pouvait voir, Chloé constatait qu'ils étaient dans un immeuble, un building vu les grandes baies vitrées et la vue qui s'étendait sous leurs pieds. New-York? Boston? San Fransisco? Ou peut-être même Tokyo.. Elle n'avait aucune idée de la ville dans laquelle ils pouvaient se trouver. Quoi qu'il en soit, la décoration était moderne et, très vite, ils finirent par trouver l'endroit où était cacher leur petit trésor momentané, la seule chose à laquelle ils aspiraient pouvoir toucher. C'était caché dans un coffre, placé derrière un cadre dans un trou spécialement creusé dans le mur. Le cadre ayant été mal replacé, il laissait découvrir un coin du dit-coffre. Il n'y avait ni code, ni clef. Pas très fort.. Chloé se dit que, finalement, ce fut une partie de rigolade. Jusqu'à ce que des projections les attaques. Elle avait entendu parlé des gens qui payaient des cents et des milles pour défendre leur subconscient, mais elle ne pensait pas avoir à faire à ce genre d'attaque dès sa première sortie sur le terrain. La panique l'envahit alors peu à peu et elle perdit le contrôle de ses membres un par un. Elle avait beau essayer de se ressaisir, Chloé n'avait jamais été doté d'un grand calme comme il lui aurait fallu sur cette mission. « Souviens toi de c'que je t'ai dis! Tu ne risque rien, absolument rien. Tu meurs, tu te réveilles. Alors court, va chercher ce pourquoi on est ici, mémorise le bien. » Voilà pourquoi la petite blonde était si utilise : elle avait une excellente mémoire et une très bonne condition physique. Elle fit donc ce que Max lui dit et se mit à courir pour chopper les documents et le lut à toute vitesse, retenant à l'aide de mots clefs. Le compte à rebourd musical démarra et l'instant d'après elle rouvrait les yeux à New-York, dans le canapé. Le souffle court, elle regarda Max et lui dit : « Ne me fait plus faire ça pour l'instant, mmh? »

LES ANGES N'AIMENT PAS DEVENIR VIEUX

« Vous décrire Chloé?! Vous me posez une colle là, je dois bien l'avouer. Certes, je suis sûrement l'une des personnes qui la connait le mieux, mais elle est totalement imprévisible. Si un jour vous lui faites une blague et qu'elle réagit plutôt bien, vous n'êtes pas à l'abris d'une crise de rage si vous lui refaite de nouveau plus tard. Avant qu'elle rencontre Max, et surtout qu'elle commence à s'occuper de Jake, elle pouvait partir à l'improviste n'importe où, n'importe quand, ne prenant avec elle qu'une cinquantaine d'euros et une tenue de rechange. Une fois, elle est partie pendant un mois sans plus nous donner de nouvelles. Et puis, un conseil, ne la cherchez pas trop.. C'est pas qu'elle est agressive, c'est plutôt qu'elle est impulsive. Elle peut péter une durite en moins de deux si vous la titillez un peu trop. Elle est aussi possessive comme pas deux, et est du genre jalouse.. Si vous voulez un conseil, ne vous approchez pas trop non plus de ce qui lui appartient si vous tenez à la vie. Chloé est également connue pour sa réputation d'allumeuse. Elle s'est tapé la moitié des mecs de Paris - aussi bien les célibataires que les mariés, les hétéros que les gays - et ne s'est pas contentée des limites de notre beau pays. Angleterre, Allemagne, Espagne, mais son coeur est désormais bien à l'abris à New-York. Malgré tout ça, elle a aussi des qualités. Elle est d'une grande gentillesse quand on la connait, et elle est très rusée. D'un côté, quand on fait ce qu'elle fait, il vaut mieux l'être. Je ne parle pas de l'extraction. Vous connaissez l'histoire de Frank W. Abagnale, Jr.?! Et bien Chloé c'est lui mais au féminin. Un jour elle se fera passer pour une banquière, le lendemain elle pourrait être une actrice soit-disant célèbre. Ce 'métier' c'était un peu son rêve à elle, avant qu'elle ne découvre l'instantiation. Et puis, elle est très passionnée et aussi mature. Avec ce qu'elle a vécu, elle a très vite perdue de son innocence d'enfant. »

LES LUMIERES DANSENT DANS L'AMBULANCE

♦ TATOUAGE · Chloé possède un tatouage au poignet gauche, une date faite de chiffres romains, celle de la mort de son frère, la mort de celle qu'elle était à la base. IV·XII. Littéralement le 4/12, étant donné qu'Alex s'est suicidé le quatre décembre 2003.

♦ ORIGINES · Si mademoiselle Genuyt est fière de quelque chose, c'est bien de ses origines. Elle est non seulement française - oui, elle est fière de parler la langue de Molière - mais elle a également des origines polonaise par sa mère. Ses arrières grands-parents se sont rencontrés lors de la libération du camp de concentration et d'extermination Auswitch-Birkenau. Elle a donc également des origines juives.

♦ FAMILLE · L'une des rares choses de son passé qu'elle regrette, hormis le suicide de son frère, c'est bien le fait qu'elle n'a jamais vraiment eut de famille. Son père étant toujours en voyage d'affaire, sa mère en profitait pour jouer la femme célibataire, mère au foyer et ramener ses multiples amants chez elle pour les présenter à ses deux enfants. Aujourd'hui, elle ne compte pas faire la même erreur que son idiote de mère avec Max, son compagnon, et Jake, son beau-fils.

♦ POINT FAIBLE · Tous autant que nous sommes, nous avons un point faible, un endroit sensible que nous nous efforçons à cacher aux autres, à garder dans notre jardin secret. Elle, c'est les enfants. Chloé les adore, elle en est folle, mais lorsqu'elle avait dix-sept ans, elle apprit qu'elle ne pourrait jamais en avoir à cause de la maladie qu'elle avait eut pendant son adolescence.

♦ ANOREXIE · Durant son adolescence, Chloé est tombée malade, elle est devenue anorexique. Cependant, c'était une anorexie déclenchée, dont elle connaissait les risques. Mais à seize ans on ne se soucie pas de ça. Elle voulait attirer l'attention de sa mère, faire en sorte qu'elle la remarque, qu'elle lui porte de l'intérêt. Elle a souffert pendant un an et n'a pas obtenu un seul regard compatissent de madame Genuyt.

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