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 St James Park by night | Lou

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AuteurMessage
Eileen R. Tipple
Eileen R. Tipple

DREAM ON

◊ WHO : Kathryn Prescott
◊ WHERE : Londres
◊ QUOTE : « By the door you said you had to go, couldn't help me anymore. This I saw coming, long before, so I kept on staring out the window »
◊ PSEUDO : Eileen


St James Park by night | Lou _
MessageSujet: St James Park by night | Lou   St James Park by night | Lou EmptyMer 22 Sep - 22:15

    « Les limbes ? Je serais bien tentée d'y rester. Et d'emmener l'autre frenchy avec moi. S'il revenait. »

    Le sourire déposé sur tes lèvres pulpeuses contrastait avec le reste de ton visage. Il était comparable à celui d'une gamine. Tes pommettes étaient saillantes et tes grands yeux bruns brillaient. Ils fixaient un point, sans ciller. Mais on n'aurait su dire si la lueur qui les animait signifiait bonheur ou tristesse. Et tu ne bougeais pas, recroquevillée sur toi-même, assise sur cet éternel fauteuil qui commençait à se faire vieux, qui n'avait pas bougé de place depuis des années. Le point que tu fixais, c'était Lui. Un brun à première vue assez simple, qui s'occupait d'organiser ton appartement. Il déposait ici et là des bouquins, des babioles, des fringues. Et tu le regardais faire, sans mot dire, savourant ces instants précieux. Tes doigts pianotaient sur l'accoudoir du fauteuil noir au cuir abîmé. Tu n'étais pas lassée, non. Tu attendais juste qu'il se retourne et, qu'avec son visage angélique, il te dise « Je le mets où, ce truc ? », et tu lui répondes « C'est pas un truc ! C'est une boucle d'oreille. Et t'as qu'à la garder. Pour toujours te souvenir de moi ! ». Et là tu remarquais, posée en évidence sur la table face à toi, cette pauvre boucle d'oreille.
    La réalité, dure comme de la pierre, te revenait en pleine face.

    Sur ce même fauteuil, Eileen Rose Tipple.

    Dans une position similaire à la précédente, comme un oeuf. Son pied gauche, muni d'une chaussette rose, venait titiller le droit, lui muni d'une bleue. Ses jambes étaient croisées, aussi fort qu'elles le pouvaient il semblait. Un petit noeud aux bleus nuancés était déposé dans ses cheveux roux, qui venaient encadrer son visage comme deux rideaux. Son sourire avait disparu. Le même rouge à lèvres y était déposé, et ses yeux, mi-clos, laissaient s'échapper une larme qui vint doucement se déposer au coin de ses lèvres. Cette larme se transforma en larmes, qui peu à peu évoluèrent en sanglots, étouffés par les jambes dans lesquelles elle vint déposer son visage. Le plan s'agrandit et, au milieu de ce fouillis, Eileen ressemblait à une gamine abandonnée. La pièce sombre. Le silence recouvert par l'affliction de la rousse. Le summum du pathétique. Mais la plupart des gens aurait dit qu'« elle faisait de la peine à voir, cette gosse. »

    Mais l'adolescente ne voulait pas spécialement faire pitié à quiconque, si ce n'est Lucas. Oui, elle avait aimé qu'on s'intéresse à elle, pendant des années. Le « on » était général : quiconque était le bienvenu pour la scruter, puis la plaindre, puis s'occuper d'elle s'il le voulait. Maintenant, « quiconque » avait disparu. Il ne restait plus que le brun. Celui dont elle savait pertinemment qu'il ne reviendrait pas. Celui qu'elle souhaitait le plus voir revenir puis, avec un air taquin, lui dire : « Bah alors, on pleure ? ». Alors, elle aurait été heureuse. Mais la réalité lui faisait mal, lui compressait le coeur, lui montrait qu'elle était vivante, et existait bien là, dans cette précise réalité. « Existait » ? Survivait semblait plus approprié dans ce contexte. Dans la réalité, celle que cette gamine capricieuse refusait, elle se levait, mangeait, bougeait un peu, allait en cours. Subissait. Eileen était complètement incapable de se fixer un quelconque objectif qui aurait pu la satisfaire, si ce n'est retrouver Lucas. Mais elle savait pertinemment que ça lui était impossible, et c'est peut-être ce qui la blessait le plus. De savoir qu'elle courait après quelque chose d'inaccessible.

    Et l'Instantiation alors ? Elle lui faisait sans doute plus de mal que ne la réconfortait et la rendait heureuse, comme la rousse le pensait. C'était l'objet de toute son attention, ce qui lui faisait croire qu'une autre réalité existait, et que celle-ci était d'ailleurs bien meilleure : créer, inventer, faire ce qu'on veut avec ce qu'on veut... Qui refuserait cela ? Seulement, le problème n'était pas de refuser de tenter cette pratique qui devenait de plus en plus en vogue, non, le problème était de lui résister une fois qu'on y avait goûté. Chacun avait ses raisons de recourir à l'Instantiation. Et celle de la rousse, c'était le passé. Si l'Instantiation n'avait pas existé, l'adolescente serait sans doute passée à autre chose que l'affaire Lucas, au moins un peu. Mais elle était là, pourrissait sa vie et la nourrissait, occupait la moindre de ses pensées. Parce qu'à chaque fois qu'Eileen était dans cette dure réalité, elle n'avait envie que d'une chose; recourir à l'Instantiation.

    Et là, en cette nuit si calme et si agitée, Eileen en avait abusé. Au point de se détester, elle et sa misérable réalité. Elle l'exécrait, l'abhorrait, la haïssait tout simplement. Car elle se sentait envahie par trop d'émotions, prête à exploser, au moindre moment, et si vide à la fois. Elle savait qu'il manquait quelque chose à sa vie, et ce quelque chose était comblé quand la rousse se perdait dans ses médiocres créations.
    Son corps, tout frêle, se mouva, et petit à petit elle déplia ses jambes, se redressa, renifla et se moucha bruyamment dans une de ces choses parfumées à la menthe qui donnent envie d'éternuer plus que tout. De sa main droite dont des multiples bracelets s'entrechoquaient, la rousse se frotta les yeux. Son maquillage vint s'étaler en dessous de ceux-ci. Mêlé à son teint livide, cela donnait à Eileen un air de zombie. Les jambes tremblantes, elle se leva de son fauteuil et, machinalement, se dirigea vers la sortie de son appartement. Se saisissant de ses clefs, d'une petite laine et enfilant une paire de chaussures à talons hauts, elle sortit, traînant des pieds, reniflant encore de temps en temps. Dans ce genre de situation, la rousse avait pris pour habitude d'aller à St James Park, sans raison particulière à vrai dire. Mais elle aimait à s'asseoir sur un banc, en tailleur, et rester là le temps d'oublier, temporairement, ce qui la hantait.

    Le parc, à cette heure tardive, était vide. L'adolescente entendait clairement le bruit de chacun de ses pas retentir à plusieurs mètres. Ses expirations se transformaient en buée qui se dessinait vaguement dans l'air frais. La rousse vint se poser nonchalamment sur un banc qui lui gela le postérieur et, ses yeux fixant un point inconnu, elle s'y allongea. Cette sensation était agréable. Eileen aimait le froid. Car il lui permettait de s'emmitoufler dans son manteau, confortablement, bien qu'elle tremblotât, et de songer à ce qu'elle pourrait créer.
    Elle resta là, un long moment sans doute, puisqu'elle se sentit attirée par le sommeil, elle sentit ce moment où notre corps et notre esprit sont entre réveil et sommeil et, à cause d'un bruit quelconque, on se sent aspirer par un trou noir, on rate la dernière marche, on tombe. Oui, on tombe. Ce fut ce qui arriva à Eileen, qui se retrouva lamentablement sur ce sol froid et caillouteux, avant de remarquer qu'une paire de pieds se trouvait juste en face de ses yeux. Levant le regard, elle remarqua la présence d'un jeune homme, sans doute celui dont les pas l'avaient empêchée de tomber complètement dans cet agréable sommeil.

    « Yo. »
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St James Park by night | Lou

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